La reine


Les mains menottées dans le dos, un frisson d’excitation parcourt mon corps. Je songe aux moments inoubliables passés avec Hector il y a tout juste un an. J’avais alors tiré la fève, me conférant alors le privilège de jouir à ma guise de cet amant durant vingt quatre heures. Mais en contrepartie j’acceptais de prendre sa place l’année suivante.

À genoux sur un coussin, je suis dépossédée de ma couronne. J’attends patiemment que l’héritier du trône soit désigné. En tant que précédente reine, il m’incombe d’héberger cette “cérémonie d’investiture” qui se déroule la veille de l’épiphanie. Quant à Hector, il a hérité de la responsabilité du bon déroulement de la soirée et de l’enivrante tâche de m’apprêter.

Les yeux bandés, je perds toute notion du temps. Suis-je ainsi depuis une quart d’heure, une heure ou bien deux ? Les rires et les voix montent crescendo en volume au fur et à mesure que les convives s’enivrent, me fournissant alors un piètre repère temporel. Ils sont arrivés un par un, et ont commencé à festoyer sans oublier de me lancer de petites piques, ironisant sur cette reine déchue.

Les jambes engourdies, je change légèrement de positions pour les soulager. Les invités semblent se régaler du buffet que je leur ai préparé. Certains n’hésitent pas à m’effleurer, d’autres à se moquer de moi. Quelques heures avant, j’étais la reine et maintenant me voici humiliée. Mais la gêne et la honte se muent doucement en une exaltation vicieuse. Le temps de mon règne est terminé. J’en prends pleinement conscience et j’embrasse alors mon nouveau rôle. Je l’accepte et le savoure à sa juste valeur.

L’intimité humide, je sens l’odeur à la fois embarrassante et enivrante de mon nectar. Mon esprit s’égare en pensées toutes plus libidineuses et lubriques que les autres. J’écarte mes cuisses pour presser mon entrejambe sur le coussin et ondule lascivement les hanches. Mon comportement obscène n’échappe pas aux convives qui ne se privent pas de commenter avec plus ou moins de distinction ma libido.

Noyée de propos de plus en plus salaces, je veux plonger dans une débauche de plaisirs charnels. L’attente est longue. Je n’en peux plus, je ne peux réprimer quelques gémissements en réponse à des caresses fugaces. Alors que je me perds dans le dédale formé par la débauche de pensées luxurieuses, j’entends Hector annoncer la galette. Les applaudissements qui l’accueillent intensifie mon excitation. Je n’en peux plus. Dépêchez-vous ! Par pitié !

La couronne nichée dans le creux de mes reins glisse doucement alors que je dandine ma croupe d’excitation. Je l’ajuste maladroitement. Puis un silence religieux emplit le salon. La fève vient de trouver son propriétaire. Tous doivent entendre ma respiration haletante. Les secondes s’écoulent si lentement. Et enfin une peau douce glisse sur mon épaule et mon cou. Je retiens mon souffle et tressaille quand les ongles se plantent légèrement dans ma chair et glissent sensuellement sur ma peau. C’est une reine !

Les cuisses ouvertes, les ongles inquisiteurs glissent sur ma peau puis effleurent les lèvres de mon jardin intime. La main recouvre fermement mon entrejambe. Je gémis. Une autre main saisit mon sein droit pour le pétrir sans ménagement. Je chavire. Une langue explore le lobe de mon oreille et une voix délicate mais résolue, susurre à mon oreille : “Prête à servir ta reine ? “

J’acquiesce et pousse mon sexe contre sa main. Je bascule et me donne à la reine. Ma reine !

La reine est morte ! Vive la reine !